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Abomey-Calavi, la commune la plus peuplée du Bénin n’échappe pas à la règle générale de l’accès difficile à l’eau potable. Les autorités communales de cette localité, pourtant située seulement aux confins de Cotonou, la principale ville du pays, peinent encore à réunir les moyens pouvant leur permettre de fournir de l’eau potable à leur population. Pour l’heure, le puits est le seul recours des habitants ; c’est également son eau que les vendeuses servent aux enfants dans les écoles. Mais au-delà de la qualité de cette eau, c’est surtout le non respect des règles d’hygiène dont devraient être entourées son utilisation qui est sujet à inquiétude.
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Ecole Primaire Publique de Godomey Togoudo, l’une des écoles où se déroulent les cours de vacances. Vers 10h moins le quart ce, apparait dans la cour restée jusque là vidée de monde, un jeune garçon âgé d’environ 10 ans. Il se dirige vers une barre de fer installée près du manguier.
Le son qu’il donna en battant les deux fers fit bientôt de la grande cour de l’école un véritable marché. Rires ; brouhaha ; bourdonnement ; cris. Rien ne manque au spectacle lancé pour durer à peine 15 minutes. De l’autre côté des salles de classes, là-bas contre le mûr sur l’aile gauche, se tiennent une dizaine de femmes. Ce ne sont pas des institutrices mais les bonnes dames en charge de la restauration des enfants. Elles seront bientôt envahie par les enfants qui, jusque là se patientaient. Pâtés ; riz ; akassa ; pain ; sucettes. Elles avaient tout prévu pour satisfaire les enfants. Situés généralement entre la tranche d’âge de 5 à 12 ans, ces enfants se ruent vers les vendeuses qui ne demandaient que cela. Bientôt, la vendeuse de riz, malgré le monde de marmots qui l’entoure dut surseoir à la vente. « Il n’y a plus de plat » expliqua t-elle aux clients qui s’impatientaient. Les plats déjà utilisés firent place à ceux lavés avant la sortie des écoliers. La chasse aux plats a commencé.
Il faut, dorénavant attendre que l’autre ait fini de manger pour lui arracher son plat et l’adresser à la vendeuse. La situation est générale. Du côté de la vendeuse d’akassa, c’est le même scénario. Aussitôt le plat déposé ; aussitôt, il est ramassé par un autre client en attente d’être servi. Il n’y a plus le temps de laver le plat. La vendeuse de pâté, elle, n’utilise pas de plats. C’est plutôt les papiers servant d’emballage au ciment qui lui sert couvert. A peine, elle prenait la peine d’épousseter le mélange de calcaire et de chaux. La vendeuse de pains se veut plus hygiénique. C’est pourquoi, elle n’utilise pas les papiers de ciment car, nous dira t-elle plus tard, « ce papier donne de la toux ». Ce n’est certainement que ce qu’elle sait des maux pouvant être causés par ces emballages. De l’autre côté des vendeuses, se tient une grande bassine en aluminium totalement remplie d’eau. « C’est de l’eau de puits mais c’est propre » nous expliquera Josephine, l’une des vendeuses. Cette bassine d’eau laissé ouverte, à la merci de la poussière et des mouches semble être le seul remède contre la soif. Et les mômes ne se font pas prier pour prendre d’assaut le seul gobelet qui tourne à la surface de l’eau. C’est un véritable chemin de croix pour qui veut boire de l’eau. Le son de cloche vient mettre fin à cette session récréative. Certain enfant, pleurnichant retourne dans sa salle de classe. Il n’a pas pu s’offrir un plat de riz. Quelques minutes plus tard, il reviendra vers les vendeuses, autorisée par sa maitrise à aller manger. La vendeuse de riz ramassera, un plat qui trainait à même le sol après avoir chassé la population de mouche qui y festoyait. Il y avait, en effet beaucoup de plats comme celui-ci qui trainaient partout. « C’est les enfants ; qu’est ce qu’on peut ? » se demandera Chantal, l’une des vendeuses.
Etat des lieux général
Ces comportements suspects ne sont pas propres à l’Ecole Primaire Publique de Godomey Togoudo mais n’est que caricature de ce qui se passe dans les autres écoles de l’arrondissement. A l’Ecole Primaire Publique de Womey-Yénawa, bien de mesures sont prises afin de limiter les dégâts. De fermes recommandations sont faites aux vendeuses. Ici, elles savent qu’elles ont intérêt à les respecter au risque de se voir renvoyer de l’école. D’ailleurs, la visite médicale dont doivent être sujettes ces bonnes dames est une réalité dan cette école. Cependant, au-delà de cette mesure, des plastiques sont installés dans toutes les salles. Elles contiennent tous de l’eau potable, du moins en apparence. Dans la salle de Mme Dagba, le CI, deux gobelets sont apprêtés ; le premier pour prendre de l’eau du plastique et le second pour boire. « Chaque enfant devrait avoir son gobelet et une eau savonneuse à côté pour le laver après chaque usage » nous a-t-elle expliqué avant de renchérir que « c’est par faute de moyens que ce dispositif n’a pas pu être mis en œuvre ». Comme à l’Epp de Togoudo, la cour est propre sans un dépotoir. Seuls la propreté des w.c est à revoir.
Les conséquences sanitaires d’une sale habitude
Pour M. Jean Pierre Montcho en service à l’hydraulique de Parakou, « on se trompe souvent en concentrant tous les efforts sur la fourniture de l’eau potable » ; « les conditions de son stockage et de son utilisation devraient également nous préoccuper ». Mme Gisèle, l’une des institutrices a reconnu que bien souvent, ses élèves soufrent de maux de ventres, de diarrhées et autres maladies liés à la qualité de l’eau. Mais, « c’est la même eau qui est utilisée à la maison » dira t-elle avant de conclure qu’ « elle n’est pas en mesure de dire que c’est l’eau servie à l’école qui rend malade les enfants ». Au centre de santé d’arrondissement de Womey, nous aurons ces confirmations. « Nous recevons beaucoup d’élèves souffrant de pathologie liées à la qualité de l’eau » nous a confié une infirmière. « Les enfants passent plus de temps à l’école qu’à la maison. Il faut donc veiller à la qualité de l’eau qu’ils consomme en ces lieux » a-t-elle ajouté. Pour la pharmacienne de ce centre de santé, « les gens viennent acheter beaucoup de sachets d’aquatabs ». Toute chose qui porte à croire que les parents d’élèves sont conscients de l’enjeu. Seulement, les vendeuses de ces écoles semblent l’ignorer. Le résultat est qu’aucune règle d’hygiène n’est observée par ces femmes qi, pour la plupart ne reçoivent aucune pression des autorités en charge de ces écoles.
Sos, sauvez nos enfants
On peut encore changer la donne. Cela passe par la prise en compte du danger que courent les enfants en vivant dans ces conditions. Il importe que toutes les vendeuses soient soumises aux visites médicales. De plus, les directeurs et directrices d’école pourraient veiller personnellement ou déléguer l’un ou l’autre de leur collègue pour veiller au respect des règles d’hygiène par ces bonnes dames. La condamnation au paiement d’amende, la menace de renvoi sont autant de moyens pouvant permettre de ramener ces dames à la raison. Par ailleurs, ces autorités devraient également prendre des mesures afin de maintenir propres les w.c de ces écoles. Si la cour et les alentours des écoles sont généralement sarclés et mis au propres par les apprenants eux-mêmes, l’on ne saurait les responsabiliser encore, aussi jeunes qu’ils sont encore, au contrôle du respect des normes d’hygiène et d’assainissement par les bonnes dames. La situation est critique. Il faut agir maintenant.
Christophe D. AGBODJI Mail : christboy10@yahoo.fr
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