On se refuse à en parler, mais il le faut nécessairement au sein de l’alliance Fcbe, la majorité au pouvoir. Un jour ou l’autre, Boni Yayi devra laisser son fauteuil présidentiel. Malheureusement, c’est un sujet hautement tabou chez les bonzes de sa majorité présidentielle. Chacune des grosses légumes aimerait bien s’essayer à la présidence du Bénin. Mais, il y a une grosse peur, une anxiété sans mesure rien qu’à y penser.

(Gontran Vidjinnangni)

On se rappelle de la réaction du tac au tac du ministre des Affaires étrangères quand la question lui a été posée sur ses intentions de briguer la magistrature suprême.
L’intraitable Nassirou Arifari Bako s’est tout de suite dégonflé affirmant qu’il n’est pas "fou" pour vouloir être président du Bénin. C’est tout dire sur l’état d’esprit qui règne dans la majorité présidentielle plurielle du Bénin.

Et quand on voit aujourd’hui tout le bataclan qui se fait autour d’une relecture de la Constitution béninoise, on n’a pas besoin de dessin pour comprendre que des gens veulent tout mettre en œuvre pour sauter le verrou limitatif du nombre des mandats présidentiels. Boni Yayi étant pas très loin du terminus, il faut relire la Constitution pour lui permettre de continuer ses œuvres.

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D’ici à là, on nous parlera de "chantier à finir". Comme personne ne songe à son départ éventuel, Boni Yayi lui-même y pense. C’est pourquoi il a ouvert la brèche de cette révision constitutionnelle, une sorte de ballons de sonde pour voir les réactions. Elles sont pour le moment celles attendues. Comme le font les chimistes dans leur laboratoire, ils mélangent des produits et attendent les résultats comme prévus par les formules chimiques. Rien qu’avec ce projet de révision, président Yayi a compris qu’il est entouré de "suiveurs" mais pas de partenaires.

Donc, il mesure à sa juste valeur qu’il est désespérément seul maître à bord. Ce qui n’est pas forcément un cadeau par ces temps de vents forts démocratiques.

La contradiction qui fait la force des regroupements d’hommes n’existe plus autour de Boni Yayi, ce qui pousse à faire des erreurs monumentales. Il n’est pas aidé "le pauvre Yayi". Nous ne le plaignons pas, c’est un constat triste. C’est sûr qu’à un certain moment, cela lui a été profitable, mais aujourd’hui il aurait aimé des têtes pensantes fortes qui puissent lui dire "non, ce n’est pas bon pour les populations, Monsieur le Président". Boni Yayi s’est rendu compte que son entourage ne lui est pas d’une aide particulière, donc il est obligé de tout faire lui-même.

Surtout quand on est entouré de "yes men". Ce qui n’est pas chose facile, partagé qu’il est entre la présidence de l’Union Africaine et la gestion du Bénin. Heureusement pour lui et pour nous, il y a deux lapins dans son chapeau. Le premier est son Premier ministre Pascal Irené Koupaki.
L’homme a certes des atouts mais aussi beaucoup de points faibles. Il n’est pas un politicien pur sang. Il est trop resté dans l’ombre de son chef alors qu’il aurait fallu faire des sorties politiques pour se faire la main et tisser sa toile. Il lui sera difficile d’être dans un vrai habit d’homme d’Etat. Voilà pourquoi, les observateurs avertis parlent de lui en plus du second lapin dans le chapeau de Boni Yayi, à savoir le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago.

Il a l’avantage de connaître les rouages politiques. Il se présente comme l’alternative à même d’assurer une retraite paisible à Boni Yayi, car entre les deux hommes, il y a plus que des atomes crochus, il y a comme un pacte qui les lie pour la vie. Alors le Pr Mathurin Nago peut être l’homme de la situation, celui qui peut continuer l’œuvre de Boni Yayi sans lui chercher noise. La maison sera bien gardée.

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