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Désormais, les opposants au Bénin se distinguent par la catégorie des « véhéments », la race des « cache-cache » et l’équipe des « chauves-souris ». Malgré ses trois têtes, l’opposition béninoise s’illustre par une querelle et une rancune qui inhibent toutes synergies et unités d’actions au lieu d’être une hydre forte et régénérant.
(Gontran Vidjinnangni)
Si les sorties tonitruantes sont de bonnes guerres dans ce jeu politique dans lequel la mouvance présidentielle règne en maître, l’opposition béninoise pèche par son discours peu convaincant, inconstant et parfois aux antipodes de la cohésion nationale. Chaque jour que dieu fait, des faits illustrent l’incapacité des postulants au fauteuil présidentiel à s’accorder sur le minimum pour persuader l’ensemble des Béninois qu’ils sont capables de tenir les rênes du pouvoir quand sonnera inéluctablement le vent du changement à la tête de l’Etat.
A chaque occasion, les opposants n’ont pas su saisir leur chance pour se crédibiliser, un tant soit peu, auprès de leurs compatriotes las de la chose politique qui leur mène en rond et alourdit leur fardeau. De « petits loups aux dents longues » et de « vieux singes aux grimaces apprivoisés » se disputent dans le même camp et s’infantilisent à chaque fois qu’ils ont cru l’actuel régime trébuché. Au lieu de proposer une alternative qui entraînerait une adhésion unanime à leur cause, ils se bornent à des querelles inutiles qui finissent par les ridiculiser.
Les micro-comportements et le lyrisme amphibien ont fini par mettre les Béninois devant le fait accompli : « Nous reconnaissons que le régime actuel n’est pas le meilleur que nous aurions souhaité pour notre pays mais qui parmi les opposants peut sincèrement remplacer Boni Yayi aujourd’hui et gouverner mieux que lui. D’un côté comme de l’autre, la classe politique actuelle s’est fourvoyée et personne n’a confiance en elle.
A défaut de trouver mieux, on préfère l’ancien pour éviter un saut périlleux dans l’inconnu avec des opposants inconséquents », confie un citoyen béninois. L’opposition a toujours manqué le bon coaching et raté fréquemment le virage des débats louables pour lesquels il est attendu des suggestions pertinentes aux préoccupations nationales.
Son infertilité intellectuelle et morale à y parvenir conduisent le peuple à en avoir marre. Les rendez-vous manqués avec l’histoire et avec la démocratie sont devenus ses traits caractéristiques. Elle s’est muée en un panier à crabes si bien que la majorité se moque quand celle-ci s’aventure à donner des leçons : « On se connaît tous dans ce pays-là ». Voilà un aveu populaire qui laisse penser que l’arène politique au Bénin est un cirque où tous les politiciens sont les acteurs d’une même comédie.
Même pipe, même tabac : « Béliers se cognant la tête le jour, caïmans se partageant les poissons d’un même marigot la nuit venue ». Le souci de la bonne marche de la nation importe peu. Le ventre d’abord, le peuple ensuite. La démission subite de de la Rb de Léhady Soglo, du parti de Edmond Agoua, du parti de Cyriaque Domingo et du Prd de Me Adrien Houngbédji de l’Union fait la Nation, dont les vrais mobiles sont à rechercher ailleurs, pose le problème du militantisme véritable et de la foi en un idéal. Le suivisme avec la ferme intention de glaner des postes aiguise le papillonnage dans lequel de nombreux acteurs politiques se vautrent. Cette attitude a atteint son paroxysme agaçant.
Dans leur ensemble, les Béninois ont tout compris et pris la résolution de refuser de se laisser mener en bateau. Matures politiques depuis la nuit des temps, ils entendent s’armer de courage pour dicter sa loi de peuple souverain. Le fait de prendre à chaque fois leurs concitoyens et leurs concitoyennes pour des « nez percés », les opposants béninois ont poussé le peuple à la fatalité. Devant toute situation qui aurait pu être une aubaine pour eux, ils se battent comme des hyènes au contact du sang. Une cacophonie amère aux relents de déchirements impitoyables. Le pouvoir semble s’être résolu qu’il est mieux de considérer la rue comme son meilleur et réel adversaire que de s’appesantir sur le camp d’en-face dont la morbidité et la mortalité dans l’animation et l’occupation du paysage démocratique sont vexatoires.
Les mouvements sociaux, les manifestations d’humeur sont à prendre plus au sérieux que les randonnées politisées et saugrenues d’un groupuscule moribond. Parce qu’il peut arriver que le régime actuel ait usé de mesures dilatoires pour dresser une tour de Babel entre les courtisans du fauteuil suprême mais les enfantillages donnés à voir à chaque tentative de regroupement en leur sein aurait pu les entraîner vers la raison, pour des actions d’adultes et des décisions politiques responsables.
Pour une fois, l’on peut rouler des Maîtres, des Docteurs et des Professeurs dans la farine. Mais à réussir cette roublardise à l’infini, c’est que l’on a en face de soi des individus sans le moindre idéal politique dans le cœur et l’esprit.
Dès qu’une manne tombe dans l’escarcelle, ce sont des accusations mutuelles à se noircir l’intelligence au point d’oublier le combat commun. Le peuple ne veut être comptable de ce spectacle désolant et déshonorant. L’opposition béninoise tient aujourd’hui à un fil sur lequel ses leaders de tout bord ont du mal à se tenir pour jouir d’une quelconque aura. A défaut de vaincre par les urnes, elle attend la providence, quel que soit le canal de sa survenue. Quel dommage ! Les opposants ont tellement de compte à régler entre eux que toute tentative de les rassembler est un cirque de circonstance, un assentiment de dupe.
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