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Vingt-trois ans après l’extraordinaire conférence nationale des forces vives de la nation, les Béninois sont déjà au terminus de la démocratie. Nous avions pensé que vingt ans suffisaient pour construire une démocratie solide, inébranlable. Malheureusement, la braise laissée par le défunt PRPB était seulement dormante et il a suffi d’une petite étincelle pour rappeler à la mémoire de tous que le combat pour la liberté et la dignité était loin d’être gagné.
Les parodies d’élection de mars 2011 ont fragilisé totalement le pays et ses institutions en accouchant d’un président paranoïaque et en envoyant à l’assemblée nationale des épouvantails. Conséquence, la richesse est concentrée dans les mains de peu de personnes, des institutions de contre-pouvoir ont été délibérément affaiblies, subordonnées et inféodées à l’état.
Les caractéristiques séculaires des régimes totalitaires ont surgi du jour au lendemain et une démocratie soit disant modèle créé ses exilés politiques. Chasse à l’homme, disparition de personnalités, confiscation de passeport, tout l’arsenal d’un pouvoir en perdition a été ressuscité.
Le Bénin multiplie les chantiers d’injustice : corruption, tripatouillage ; des scandales politico-judiciaires, explosion de la criminalité, des manipulations grossières des résultats de concours, vol des millions de francs au trésor public, procès ridicules, grâce fantaisiste. Le carnaval des armes de guerre dans les grandes villes au lendemain des élections et l’utilisation tous azimuts de lois liberticides par les sbires du pouvoir contre des personnalités et syndicalistes ont plongé le peuple dans une soumission passive.
La démocratie a vécu ! Les prémisses de la prostitution institutionnelle étaient sans ambiguïté surtout quand on ressuscite des cendres de la révolution ce qu’elle avait de de talentueux rebuts : Martin Dohou Azongniho au port, Robert Dossou à la Cour constitutionnelle, Théophile Nata à la HAAC et Ousmane Batoko à la cour suprême.
Dans ce jeu de distribution de rôle ; il restait seulement à nommer le président Kerekou à l’assemblée pour que le scenario soit parfait. Assemblée nationale piètre, institutions médiocres, le régime a fini par reconstituer une léproserie politique dont les actes et décisions sont constamment contestés. Des combattants d’hier, des personnalités comme Reckya Madougou ou Marie Elie Gbedo qui a un moment de notre histoire ont rappelé au peuple de ne jamais baisser la garde se sont accrochés aux ailes d’une rapace qui plane sur la tête des béninois comme une épée de Damoclès.
Des professeurs éminents, Mathurin Nago, François Abiola intellectuels parfaits s’il en existait, qui nous ont toujours appris à l’université de respecter en tout temps l’amour absolu, l’honnêteté absolue, la dignité absolue ont épousé le silence et ont troqué leur intelligentsia contre une soumission inconditionnelle aux symboles et aux dérives du pouvoir.
Des opposants d’hier ou d’aujourd’hui, déclarés ou non, ont ravalé leur orgueil et attendent impatiemment leur prédation. Servitude volontaire ou sécheresse intellectuelle ? Le peuple béninois atrophié par la misère et la faim s’est mué dans une heureuse docilité. Devons-nous rester silencieux et donner la chance à ceux qui veulent mettre le pays à feu et à sang ? La paix contre le silence, la paix sans le pain ! Nous devons faire attention et mieux cerner le mot paix, galvaudé et mangé à toutes les sauces. N’oublions jamais que la paix pour « un dictateur n’est souvent rien de plus que la paix de la prison ou de la tombe ».
Selon Yu-zu-li dans la parabole chinoise du maître singe du XIVe siècle « certains hommes, dans le monde, dominent leur peuple par l’imposture et non pas par la justice…Ils ne se rendent pas compte de leur confusion d’esprit » Il est encore temps que le peuple Béninois prenne son destin en main puisque selon Machiavel, le prince « …qui a l’ensemble de sa population pour ennemi ne sera jamais en sécurité ; plus grande est sa cruauté, plus faible devient son régime » Après le printemps arable, le printemps érable et à quand le printemps latin ?
Jules Bonou Djossou
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