327 visites en ce moment

Au Bénin, l’ONG Acting for Life a appuyé le développement de filières territoriales d’écoconstruction. Des centaines de jeunes du Mali, du Togo et du Bénin ont été formés dans le secteur du bâtiment. A l’occasion d’un colloque organisé en juin 2025, au CCRI John Smith de Ouidah, Gilles Aguidissou, ingénieur en génie civil spécialisé en matériaux locaux, s’est prononcé sur les enjeux liés à l’écoconstruction dans une interview accordée à 24 Heures au Bénin.
Qu’est-ce que l’écoconstruction ?
L’écoconstruction est un mode de construction qui vise à protéger l’environnement et à garantir un très bon confort à l’intérieur des bâtiments. Elle permet d’utiliser des matériaux disponibles localement. On réduit la quantité de ciment et de fer, ce qui permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Les bâtiments issus de matériaux écologiques locaux sont-ils aussi résistants aux intempéries que ceux construits en matériaux importés ?
Les bâtiments construits en matériaux locaux sont résistants aux intempéries. Quel que soit le matériau que l’on utilise, il faut faire une conception adaptée. Lorsqu’on fait bien la conception, le matériau peut résister pendant des centaines d’années. Il peut résister même plus que le béton. Nous avons tous en tête que le béton est plus durable. Ce n’est pas vrai. Le béton n’a pas une durée de vie infinie. On a des ouvrages en matériaux locaux qui existent depuis plus de 100 ans un peu partout dans le monde, donc je peux dire que c’est durable.
Dans un contexte de changement climatique avec notamment la montée des canicules, quel avantage y a-t-il à promouvoir l’écoconstruction ?
Il y a tout à gagner à promouvoir l’écoconstruction parce que nous voulons réduire l’émission de gaz à effet de serre. (...) On a la chaleur qui monte et c’est lié à une forte production de gaz à effet de serre. Si je prends par exemple le fer, il faut utiliser énormément d’énergie pour la production (...) ce qui génère des émissions de gaz à effet de serre (la combustion des énergies fossiles - pétrole, charbon, gaz naturel- est une source majeure de gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone, ndlr).
Est-il possible de réaliser des bâtiments écologiques uniquement avec des matériaux locaux ou faut-il toujours faire le mélange ?
Il faut faire la plupart du temps le mélange avec une forte utilisation des matériaux locaux. C’est possible de faire des enduits sans utilisation de ciment. Pour ce qui concerne la toiture, on peut utiliser de la paille du bois. Mais il faut être clair dans un contexte moderne, si nous voulons construire des bâtiments modernes, c’est difficile de ne pas faire un mélange mais, on cherche à réduire la proportion de matériaux importés ou de matériaux énergivores comme le fer, le ciment et autres.
Nous avons de grands blocs de boutiques à Malanville qui sont construits en matériaux locaux. Nous avons des magasins, des hangars, même l’administration du marché de Malanville est construite en matériaux locaux. Dans le cas de l’écoconstruction à Malanville, il y a un système solaire qui a été installé. L’idée est d’utiliser de l’énergie renouvelable. C’est toujours de l’écoconstruction, promouvoir les énergies renouvelables. L’administration du marché fonctionne avec cette énergie depuis sa construction.
Quel lien faites vous entre écoconstruction et tradition ?
Dans nos villages, nous avons des types d’habitats selon les régions qui sont déjà construits en matériaux locaux. Il y a un certain nombre de bâtiments coloniaux qui ont été construits en terre cuite et qui sont là depuis. Les colons utilisaient la terre cuite et les pierres taillées. Aux villages, on a le plus souvent utilisé du banco (matériau de construction traditionnel fait de terre argileuse et de paille hachée, ndlr). On a aussi utilisé de la terre crue pour faire notre habitat pendant longtemps. Nous pouvons apporter beaucoup de modernité avec ces matériaux locaux.
Akpédjé Ayosso
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel
















