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Testée positive au Covid-19, Yolande Tohouegnon a bénéficié d’une prise en charge. Quelques jours après le succès de son traitement, la jeune dame a rendu un témoignage sur sa page Facebook à visage découvert et invite au respect des gestes barrières.
Lire le témoignage de Yolande Tohouegnon
« J’ai commencé une petite toux, il y a deux semaines. J’ai pris mon citron gingembre et miel. Je n’étais pas inquiète car j’ai l’habitude de me traiter ainsi... 1 jour, 2 jours, 3 jours. Ma toux devenait de plus en plus violente... Mon infusion magique de tous les temps n’a pas aidé. Une forte fièvre s’y ajouta. Je n’ai pas fermé l’œil, fièvre à 40 degrés. Je prends du paracétamol. La fièvre ne baisse pas. Je me sens faible. Je transpire. Je suis fatiguée. Il était 2 h du matin. Le décalage horaire aidant. J’appelle ma maman. Il était 22 h chez elle au Canada... Ouf elle a décroché, toute fébrile et à peine audible, je dis : ’’Maman, je ne me sens pas bien, j’ai une forte fièvre qui ne diminue pas malgré les médicaments. (…)’’.
Premier test rapide : négatif. Deuxième test : Positif. Le verdict était sans appel, la fièvre et la fatigue persistaient. Panique... les médecins sont contactés. 30 mn après l’ambulance était à ma porte, panique, je n’ai rien prévu à la maison pour les enfants. Je n’ai pas eu le temps d’aller retirer les sous à la banque, je n’ai eu le temps de penser à rien, j’étais déjà dans l’ambulance sur le chemin d’Allada. Peur... toutes les scènes horribles de ces derniers mois de coronavirus en Occident me vinrent à l’esprit. J’appelle ma sœur. " Je vais mourir Grey, j’en peux plus, prends soins de mes enfants si jamais quelque chose m’arrivait". Ma sœur : ’’Tu n’auras rien, tu rentreras chez toi. Tu dois rester forte pour combattre la maladie".
J’arrive à Allada. Les tenues des médecins et autres... cette combinaison... j’en pouvais plus... je suis bel et bien malade. De nouveaux prélèvements, ensuite une psychologue pour m’apaiser...des mots d’encouragement. Je me sentais de plus en plus faible, mais apaisée car ils m’ont dit que je vais guérir.
Allongée sur mon lit, je regardais par la fenêtre. Il n’y a rien à voir, il y a un autre mur. Ce sera mon univers pour 14 jours ! Je dois vivre ici pendant 14 jours. Les médecins ont confirmé. Je pensais à mes enfants loin d’eux pendant 14 jours. Allongée sur mon petit lit, mes larmes coulaient tout doucement. Je priais, la peur de mourir est inexplicable. Première nuit, deuxième nuit, troisième nuit, fièvre de 40 degrés avec toux violente... entre deux toux, je regardais souvent vers ma voisine. Oui, nous étions deux dans ma chambre, ma voisine de chambre était aussi souffrante que moi de ce méchant Coronavirus. Nos regards étaient souvent pleins d’espoir... nos silences étaient sources d’incertitudes. Allons-nous nous en sortir ? Nous étions unies temporairement par le même combat. Le combat pour la vie.
Quatrième jour, je voyais flou, ma vision a pris un coup. Les médecins m’ont rassurée. Les effets secondaires de mon traitement : chloroquine + azithromycine+ zinc.
Cinquième jour, les aliments n’avaient toujours aucun goût sur ma langue. Chaque jour le personnel soignant et assistant nous apportait 3 litres d’eau à boire complètement avant le jour suivant. Je devais prendre mes médicaments devant eux. Ils étaient attentionnés. Au sixième jour, ma voisine fait une crise vers 23 h. Les médecins l’ont emmené aux urgences. Je me retrouvai seule. Va-t-elle s’en sortir ? J’avais peur. Ma sœur m’a gardée compagnie au téléphone toute la nuit. Oui ma petite sœur, quelle adorable personne !!! Merci infiniment Grey d’être qui tu es.
Après 8 jours de traitement, je commence à retrouver le goût et ma vision était redevenue claire... ces petits signes m’ont donnée espoir, un grand espoir. Puis quelques jours après, le premier test... Négatif
14e jour : Deuxième test Négatif. Je me sens légère. Je tombe sur mes genoux et je dis "DIEU MERCI". Oui DIEU MERCI car il y en a qui ne sont pas repartis sur leurs deux pieds de ce centre. Quelle grâce de retrouver ma santé. Tout est grâce. Mon petit frère vient me chercher pour retourner à la maison... Mes enfants aussi étaient sous traitement et isolés... Mes deux amours souffraient de mon absence et de ce mal terrible. Ils étaient des porteurs sains...Enfin je passerai ma première nuit à la maison. Quelle joie ! Seulement elle était de courte durée. Vers 23 h, mon petit neveu vient me réveiller brutalement... mon petit garçon a fait une crise. Panique, cris, il ne répondait pas à nos appels. Il partait. Je le secoue, je verse de l’eau sur lui. Je réveille mon frère, mon guerrier des 14 derniers jours. Nous démarrons en trombe pour l’hôpital. J’avais oublié de mettre mon pagne dans la panique. C’est mon voisin qui m’a dit de me couvrir en me donnant mes habits récupérés à la va vite. La solidarité ! Une belle valeur que nous avons. Nous arrivons à l’hôpital. Mon fils a été placé sous respirateur. Moi qui venais à peine de retrouver une petite joie de vivre, me voilà replongée dans une anxiété terrible.
20 jours d’émotions. Le manque de mots. Aujourd’hui, je peux écrire pour exprimer ma profonde gratitude à tous ceux et celles qui m’ont entourée et soutenue. A ma maman et à mes frères et sœurs, je dis merci. Merci au père de mes enfants qui m’a soutenue tout le long de cette période difficile. Aujourd’hui, nous sommes tous guéris...et nous sommes tous rentrés à la maison. Protégez-vous, protégez vos familles. Respectez les gestes barrières. Je vous en supplie. Le coronavirus sévit et tue. Prenez soins de vous et que les bénédictions soient ! Merci infiniment au personnel soignant du centre de traitement d’Allada ! Vous êtes magnifiques !