samedi, 5 juillet 2025 -

1171 visites en ce moment

CYBER AFRICA FORUM 2022

Comment muscler la cybersécurité de la finance africaine ?

Proposé par CAF




L’Afrique rattrape son retard numérique rapidement. Par corollaire, la constante hausse de la pénétration de l’internet s’accompagne, mécaniquement, de l’augmentation de la cybercriminalité. Une réalité qui touche particulièrement les banques et les fintechs du continent.

On estime à près de 3000 le nombre d’institutions bancaires vulnérables aux cyber menaces (selon la Banque africaine de développement) et à 250 millions le nombre de clients exposés.De facto, le continent est très mal protégé dans le cyberespace, et plus particulièrement la sphère financière, parmi les plus attaquées. Or la surface d’attaque cybernétique continue de s’agrandir à mesure que la couverture numérique du continent augmente (40% en 2022). Une urgence rappelée par Paul Harry Aithnard, DG d’Ecobank Côte d’Ivoire :« Nous sommes sur un continent de plus en plus ouvert aux NTIC et, par conséquent, autant exposé que l’Europe ou l’Amérique aux cyberattaques ».

L’enjeu est double pour les Etats africains car la polarisation d’une grande partie des attaques sur les banques et fintechs (monnaie mobile, etc.) du continent est synonyme de perte financière sèche. Tous secteurs confondus, la cybercriminalité a coûté au moins 3,5 milliards de dollars à l’Afrique. Il s’agit d’une estimation basse, dans la mesure où une minorité d’attaques cyber sont réellement détectées par les banques. La cybercriminalité a aussi un impact réputationnel important sur les institutions bancaires. Ce qui pourrait ralentir le taux de bancarisation du continent, déjà très bas (47%). Or il s’agit d’un fort enjeu de développement.

La réponse se doit donc d’être holistique et d’impliquer autant les acteurs économiques que les Etats et jusqu’aux consommateurs. Comme le rappelle le Dr. Thierry Wandji, directeur général de Cybastion, entreprise spécialisée dans des solutions de cybersécurité :« Les institutions doivent prendre de solides mesures de cybersécurité pour éviter des pertes importantes et protéger leurs consommateurs. L’Afrique ne doit être ni la victime ni la source des cybermenaces. Par conséquent, investir dans la cybersécurité, former les employés et les clients et développer des programmes de sensibilisation ne doit pas être un luxe mais plutôt une priorité ! »

Vulnérabilité financière
L’exposition remarquable des pays africains à la cybercriminalité a été mise en évidence en 2020 par l’étude de l’entreprise marocaine Dataprotect. Celle-ci soulignait que seules 20% des banques africaines (sur la base d’un panel sélectionné) se préoccupaient sérieusement de leur cybersécurité. Alors même que 85% d’entre elles auraient déjà subi au moins une cyberattaque. Cette impréparation reflète celle de la plupart des entreprises du continent, qui, selon Interpol, seraient près de 90% à ne pas être dotées de protocoles de sécurité.

La densité des attaques et surtout leur caractère sophistiqué prouve que la cybercriminalité est le fait de groupes constitués et très bien formés. Récemment, Afriland First Bank a fait l’objet d’une cyberattaque importante via une opération d’hameçonnage ciblant ses clients. Les pirates ont ainsi pu récupérer identifiants de connexion et numéros de cartes bancaires.

Cet épisode médiatique cache les millions de cyberattaques qui ont touché l’ensemble des continents en 2021. De natures variées – l’hameçonnage et la fraude à la carte bancaire sont les techniques les plus courantes-, elles peuvent aussi cibler les banques elles-mêmes et leurs fonctions opérationnelles (attaque par déni de service, rançongiciels, etc.) ; ou bien viser la confidentialité des données via par exemple des intrusions ou la prise de contrôle de systèmes (attaques RATS). Le télétravail a particulièrement stimulé ce type d’attaque, les postes d’ordinateurs personnels étant encore moins protégés que la moyenne des entreprises.

On observe aussi une forte exposition des applications de paiement mobile à des logiciels malveillants. Le taux de mobile money est particulièrement fort en Afrique (25%), même par rapport au reste du monde (5%). Et Les utilisateurs sont régulièrement victimes de piratage de leur application. Ces attaques sont préoccupantes car le mobile money est souvent un palliatif à la bancarisation dont dépend la vie économique de populations entières.

Cette dernière menace a poussé la Banque africaine de développement à accorder, en 2022, un don de 2 millions USD pour créer le Centre africain de ressources sur la cybersécurité pour l’inclusion financière (ACRC). Il sera chargé d’apporter une réponse à la cybercriminalité et, plus généralement, de la résilience au système numérique africain. Le décaissement des fonds sera fait via la Facilité pour l’inclusion financière numérique en Afrique (ADFI) qui vise à faire entrer 332 millions d’africains supplémentaires dans les circuits financiers continentaux.

Stratégie de riposte
« Une des vulnérabilités les plus critiques des organisations et des banques en Afrique est le manque de sensibilisation quant aux risques. Un travail de sensibilisation et de formation apparaît comme un préalable fondamental. La réponse aux cybermenaces passe en effet par la maîtrise des bonnes pratiques au sein des institutions : formation du personnel à l’hygiène numérique, installation de pare-feux, certification des sous-traitants, création de services dédiés travaillant en coordination avec les autres branches… », mentionne Franck Kie, expert en cybersécurité et fondateur du Cyber Africa Forum. « La maîtrise des simples « gestes barrières » contre la cybercriminalité réduit drastiquement le risque d’attaque », a-t-il conclu.

Les banques et organismes de finance ont fait part des difficultés à trouver et intégrer du personnel formé, voire du manque de prestataires aptes à fournir des services en cybersécurité. C’est la raison pour laquelle les Etats doivent constituer des écosystèmes scolaires, techniques et entrepreneuriaux pour créer une dynamique de filière : du stockage des données au développement en passant par la cybersécurité. Dans un premier temps, les partenariats publics privés (PPP) peuvent être une solution pour faire rentrer sur les continent des compétences qu’il n’a pas ou bien en nombre insuffisant. A l’image des services fournis par le groupe français Atos ou l’américain Cybastion,.

Au niveau national, les Etats doivent continuer à élaborer des cadres réglementaires précis. Tout en constituant des instances de veille et de riposte. Par exemple, la Côte d’Ivoire dispose de plusieurs services aptes à répondre à des cyberattaques comme la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), la division anti-cybercriminalité de la DITT ou le Centre national de veille et de réponse aux incidents de sécurité informatique.

La coopération internationale, notamment intra-africaine, semble incontournable. Comme le rappelle le « Cyber Risk and Financial Stability », édité par le G7 en 2020, celle-ci permet notamment la convergence des réglementations et le renforcement du partage de l’information. Des impératifs catégoriques pour répondre à une menace ontologiquement diffuse et internationale : « Il est important, dans le cadre de notre transformation digitale engagée depuis quelques années, de renforcer la protection de nos données. Ces dernières décennies, la cybercriminalité a coûté plus d’une vingtaine de milliards de francs CFA à un pays comme la Côte d’Ivoire. Ce chiffre montre l’urgence de proposer des solutions efficaces pour protéger les entreprises » rappelle Paul Harry Aithnard. Les initiatives africaines fleurissent dans ce sens : comme le Cyber Africa Forum, co-organisé par Ciberobs et Jeune Afrique Media Group, qui se tiendra du 9 au 10 mai à Abidjan ou bien le sommet de Lomé qui s’est terminé le 24 mars dernier. On note qu’il existe déjà des normes au niveau sous-régional, comme les protocoles de la BCEAO ou du Groupement interbancaire monétique (GIM- UEMOA). Ces initiatives sont un indicateur positif, même si elles doivent être développées et renforcées pour protéger efficacement l’Afrique.

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

Abonnez-vous à la chaîne WhatsApp officielle de 24h au Bénin, en cliquant ici, pour suivre les infos.

21 avril 2022 par La Rédaction




Le port de Cotonou parmi les 5 hubs logistiques


3 juillet 2025 par Judicaël ZOHOUN
Dans un rapport sur la sécurité alimentaire en Afrique, la Banque (…)
Lire la suite

Une nouvelle Autorité pour faire respecter les règles de la concurrence


2 juillet 2025 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
L’Autorité nationale de la concurrence (ANC) a été créée pour faire (…)
Lire la suite

Ce que dit la nouvelle Loi sur la concurrence au Bénin


2 juillet 2025 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
Une nouvelle loi encadre la concurrence au Bénin. Elle a été adoptée le (…)
Lire la suite

La Banque Mondiale salue la croissance record du Bénin en 2024


1er juillet 2025 par Akpédjé Ayosso
Le Bénin confirme sa dynamique économique impressionnante. Selon le (…)
Lire la suite

Parcours de jeunes transformés grâce au projet MADE


30 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
Dans plusieurs communes des départements de l’Atacora et de la Donga, (…)
Lire la suite

UBA Bénin affiche des résultats solides et confirme son leadership digital


29 juin 2025 par La Rédaction
Fidèle à son engagement de transparence et de proximité, United Bank (…)
Lire la suite

PRMP et Chef CCMP de la commune de Tori-Bossito suspendus


27 juin 2025 par Marc Mensah
Par décision n°2025-079 en date du 12 juin 2025, l’Autorité de (…)
Lire la suite

Les actionnaires de la LNB S.A. en assemblée générale mixte lundi prochain


27 juin 2025 par Marc Mensah
La Loterie Nationale du Bénin S.A. (LNB S.A.) tiendra une assemblée (…)
Lire la suite

30 milliards F de la BOAD pour appuyer la construction de lycées au Bénin


27 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
La Banque ouest africaine de développement (BOAD), a accordé au cours (…)
Lire la suite

"SanlamAllianz" le géant panafricain de l’assurance se déploie au Bénin


25 juin 2025 par La Rédaction
Les groupes d’assurance Sanlam et Allianz se sont unis en Afrique pour (…)
Lire la suite

Une campagne de plantation de palmier à huile lancée à Adja-Ouèrè


25 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Le site de la Coopérative d’aménagement rural (CAR) de Obèkè-Ouèrè, (…)
Lire la suite

L’ONG Acting for Life en colloque sur le projet MADE ce mercredi


23 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
L’ONG Acting for Life organise en collaboration avec ses partenaires, (…)
Lire la suite

Le parc textile de la GDIZ séduit des investisseurs francophones


21 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Arrivés au Bénin dans le cadre de la 6e Mission économique de la (…)
Lire la suite

LA CAPITALISATION BOURSIERE DE LA BRVM PROGRESSE DE 2000 MILLIARDS FCFA (…)


20 juin 2025 par Judicaël ZOHOUN
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a franchi ce vendredi (…)
Lire la suite

La GDIZ dévoile ses atouts aux opérateurs francophones


20 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Les politiques incitatives visant à attirer l’investissement étranger (…)
Lire la suite

Plus de 300 entreprises et institutions financières à Cotonou


18 juin 2025 par Marc Mensah
Entreprises et investisseurs francophones se réunissent du 17 au 19 (…)
Lire la suite

1,3 milliard $ appartenant aux compagnies aériennes bloqués par les (…)


18 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
L’Association du transport aérien international (IATA) signale qu’à la (…)
Lire la suite

Cotonou au cœur du renforcement des partenariats économiques francophones


18 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
Les travaux de la 6e édition de la Mission économique de la (…)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires